Enquêteurs

Une ruelle étroite, noyée dans l’obscurité d’un soir sans lune.
 Les lampadaires vacillants diffusent une lumière jaune blafarde, incapable de percer l’épaisse humidité qui s’accroche aux murs de briques suintants.
 Un silence tendu règne, seulement troublé par les gouttes d’eau tombant d’une gouttière rouillée.

Au sol, au centre de la scène : une silhouette tracée à la craie blanche, bras écartés, jambes légèrement repliées, figée dans une dernière chute sans dignité.
Le bitume est encore humide. Une flaque noire s’est formée à l’endroit où la tête reposait, mais elle ne dit pas si c’est du sang ou simplement de l’eau sale.
Le corps a été emporté, mais l’absence est palpable.

Tout autour, des marqueurs numérotés jaunes sont soigneusement disposés.
Le numéro 4 désigne un éclat de verre ; le 7, une chaînette cassée.
Entre les marqueurs, des règles de mesure blanches et noires serpentent le long des preuves, soulignant chaque détail, chaque indice, comme une scène figée dans une enquête inachevée.

Une ligne de ruban de sécurité fléchit sous une brise imperceptible.
Derrière, les fenêtres des immeubles sont closes. Pas une âme.
Seule la rue, muette, semble retenir son souffle.

Au fond de l’image, on devine à peine les gyrophares d’un véhicule de police, projetant par intermittence un éclat rouge et bleu sur le mur d’une boucherie fermée.
 Le tueur n’a laissé ni témoin, ni signature claire. Juste un vide méticuleusement orchestré.